Dossiers - Politique climatique et énergétique
Pour une politique climatique efficace, industrielle et internationale
03.11.2025
La protection du climat ne doit pas devenir un risque pour la compétitivité. Si la Suisse veut atteindre ses objectifs de zéro émission nette, elle a besoin d'une politique climatique efficace, qui encourage l'innovation et garantisse la compétitivité internationale. Au lieu d'une nouvelle bureaucratie et de charges unilatérales, il faut des solutions ouvertes à toutes les technologies, qui renforcent à la fois l'industrie, les objectifs climatiques et la prospérité.
L'industrie chimique et pharmaceutique suisse soutient les objectifs climatiques ambitieux de la Confédération, en particulier l'objectif de zéro émission nette d'ici 2050. Dans le même temps, il apparaît clairement qu'une politique climatique unilatérale ou bureaucratiquement surchargée pourrait mettre en péril la compétitivité de la Suisse en tant que site économique.
La protection du climat et la compétitivité doivent aller de pair
Avec la loi sur le CO2 et les trajectoires de réduction sectorielles pour l'industrie, les bâtiments et les transports, la Suisse a créé des bases légales claires. L'industrie suisse a déjà réduit ses émissions de plus de 35 % depuis 1990 et est en bonne voie pour atteindre ses nouveaux objectifs de réduction pour 2040. Dans le même temps, la valeur ajoutée industrielle a doublé, ce qui prouve que la protection du climat et la réussite économique ne sont pas nécessairement contradictoires. Les mesures de politique climatique devraient préserver la compétitivité de l'industrie et ne pas peser inutilement sur l'emploi, les investissements et la capacité d'innovation en Suisse. Le transfert des émissions à l'étranger (fuite de carbone) n'apporte guère d'avantages pour la protection du climat et affaiblit la place économique suisse.
Cinq lignes directrices pour une politique climatique compatible avec l'industrie
1. Garantir la compétitivité : la politique climatique doit préserver la compétitivité internationale de l'industrie en Suisse. Des instruments tels que la taxe incitative sur le CO2 et les accords sur les objectifs ont montré qu'il est possible de réduire les émissions sans mettre en péril la place économique. Cependant, une augmentation unilatérale des taxes ou des mesures protectionnistes telles qu'un ajustement aux frontières (CBAM) constituent un risque pour l'industrie chimique et pharmaceutique orientée vers l'exportation.
2. Priorité à l'efficacité et à l'efficience : les mesures doivent être classées par ordre de priorité en fonction de leur rapport coût-bénéfice. Les technologies telles que le captage, l'utilisation et le stockage du carbone (CCUS) doivent être encouragées à un stade précoce, car elles sont indispensables à long terme. Les mesures prises à l'étranger peuvent être intégrées de manière judicieuse dans le mix, à condition que leur qualité soit garantie.
3. Renforcer les instruments éprouvés : le système éprouvé des conventions d'objectifs devrait être renforcé et simplifié, au lieu d'être alourdi par des exigences rigides ou une bureaucratie supplémentaire. En outre, l'harmonisation internationale de la politique climatique et le rattachement au système d'échange de quotas d'émission de l'UE sont des facteurs essentiels pour éviter les distorsions de concurrence, accroître l'efficacité des mesures climatiques et intégrer l'industrie suisse dans la protection mondiale du climat.
4. Supprimer les obstacles bureaucratiques : la surréglementation mobilise des ressources qui pourraient être consacrées à des mesures concrètes de protection du climat. Toutes les nouvelles exigences réglementaires et obligations de déclaration devraient être examinées sous l'angle de leur rapport coût-bénéfice. Les PME, en particulier, ne doivent pas être surchargées.
5. Garantir la sécurité d'approvisionnement : la mise en œuvre réussie des objectifs climatiques nécessite un mix énergétique sûr et stable composé d'électricité, de gaz verts – c'est-à-dire des gaz respectueux du climat et produits à partir de sources renouvelables, tels que le biogaz, l'hydrogène ou le méthane synthétique – et, dans un contexte mondial, également d'énergie nucléaire. Seul un approvisionnement énergétique fiable, peu émetteur et abordable permettra aux entreprises d'investir, de défossiliser leurs processus de production et de réaliser leurs objectifs de transformation à long terme.
Dimension mondiale et coopération internationale
Les divergences croissantes entre les ambitions climatiques des États-Unis, de l'Union européenne et de certains pays émergents et en développement rendent plus importante que jamais une approche coordonnée au niveau international. La Suisse peut apporter une contribution importante à cet égard par le transfert de technologies, la participation à l'élaboration de normes internationales et la définition de mesures globales viables.
Conclusion
La protection du climat reste une tâche centrale, mais elle doit être conciliée avec la stabilité économique et la compétitivité de l'industrie. Une politique climatique pragmatique, ouverte aux technologies et coordonnée au niveau international peut soutenir les investissements, encourager les innovations et favoriser la transformation de l'industrie vers plus de durabilité. De cette manière, la Suisse peut à la fois poursuivre ses objectifs climatiques et maintenir sa performance économique.