Le poison et la dose – Une grande panique pour de petites valeurs ?

Le débat sur les valeurs limites des résidus chimiques dans l'eau et les aliments est souvent marqué par des malentendus et des émotions. Peu d'autres sujets montrent aussi clairement à quel point la perception et la science divergent. Mais que signifient réellement les valeurs limites ? Le podcast sur la politique agricole et swiss-food.ch ont mis en lumière notre approche des valeurs limites dans une série de podcasts à l'automne 2025.

Les valeurs limites ont pour but de protéger la société contre une exposition excessive à des substances potentiellement toxiques. Grâce aux progrès réalisés dans le domaine de l'analyse, il est aujourd'hui possible de détecter même les plus petites quantités de résidus. Il en résulte que les valeurs mesurées et leur signification sont souvent interprétées de manière différente. La frontière entre l'alarmisme et la minimisation est mince lorsqu'il s'agit d'informer honnêtement.

C'est la dose qui fait le poison. Cela vaut aussi bien pour les substances naturelles que synthétiques. Les résidus seuls ne permettent pas de déterminer un danger. Dans le même temps, les substances « naturelles » jouissent d'une énorme confiance, même si elles sont potentiellement toxiques. Les toxines fongiques en sont un excellent exemple.

Roman Mazzotta, directeur national de Syngenta Suisse, souligne à quel point il est difficile de trouver un équilibre entre la sécurité et le bon sens pratique dans le cadre du débat Green Sofa Studio (Disponible uniquement en allemand) : « L'une des choses les plus dangereuses que l'on puisse faire est de conduire une voiture. Il existe des règles de distance. Sur l'autoroute, la distance minimale entre deux voitures est de 60 mètres. C'est la « valeur limite ». Pour les substances chimiques qui ne sont ni mutagènes ni cancérigènes, une marge de sécurité cent fois supérieure à cette valeur limite est appliquée. Transposé au trafic routier, cela signifierait qu'il faudrait respecter une distance cent fois supérieure, soit 6 kilomètres, par rapport à la voiture suivante. Sur quelle autoroute en Suisse pourrait-on encore rouler avec de telles règles de distance ? Je préconise le même discernement lorsqu'il s'agit des valeurs limites pour l'eau. »

Au cours de cinq épisodes de podcast, des experts en toxicologie, de l'industrie, des autorités et de l'agriculture ont discuté de ce que signifie réellement la sécurité et du rôle que jouent les valeurs limites dans ce domaine. Le point culminant a été un podcast en direct devant un public le 5 novembre au Bogen F à Zurich, auquel a également participé scienceindustries : Dominique Werner, responsable de la législation sur les produits chimiques. La question centrale était de savoir comment la perception du public, les obstacles réglementaires et les connaissances scientifiques influencent notre gestion des résidus chimiques dans l'agriculture et nos eaux.